Classe story
Editions Mols, 2004.
On pensait que cela n’arrivait que dans les films américains et que le Nouveau Monde avait l’apanage de ces adolescents saturés de violence, d’abandon et de hamburgers. Et si, sur notre vieux continent, les enfants se mettaient aussi à jouer avec de vraies armes et qu’ils se prenaient au jeu de la guerre et de la terreur pour simplement s’amuser ?
Un matin de juin comme les autres, dans une petite école primaire, Kevin Pinson, 12 ans, tue son institutrice d’une balle dans le cœur et prend les élèves de sa classe en otage. Dehors, policiers et psychologues tentent d’empêcher le massacre et de comprendre comment la situation a pu dégénérer à ce point. Pourquoi la société a-t-elle pu créer ces enfants sans conscience, sans repères, obnubilés par la télévision et livrés à eux-mêmes ?
Dans la classe, les élèves se dévoilent, se racontent. Ils semblent ne pas s’étonner de l’horreur de la situation. Ils entrent peu à peu dans un jeu macabre où sortir libre est ressenti comme une honte et où chaque otage relâché devient le perdant.
© Michel VOITURIER : « Un écolier flingue son institutrice et prend sa classe en otage. Tel est le début du roman de Sarah Berti, Classe story (Editions Mols, 2004). Fait divers tragique sans doute. Mais surtout prétexte pour la romancière de tracer une série de portraits: élèves, enseignants, surveillants, directeurs, parents, policiers... Chaque séquence, plutôt brève puisque aucune ne comporte plus de huit pages et en moyenne ne dépasse pas quatre, se focalise sur un des protagonistes. Elle le décrit, analyse ses réactions, décortique son comportement. Ainsi transparaît peu à peu l'esquisse d'une analyse de société. L'éventail est large. Il couvre tous les registres. Il s'aventure avec humour et pas mal d'esprit caustique au milieu des travers de notre époque. Le rythme – le montage dirait-on – est proprement cinématographique […].Berti possède un sens aigu de l'observation, de la caricature. Elle parvient à réaliser un cocktail savoureux entre la langue écrite et l’oralité, entre les discours directs et indirects. C'est drôle et dramatique à la fois. Et, ce qui ne gâte rien, c’est d'abord une fable à suspense dont l'épilogue est inattendu.