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Naissance d'une série

J’écris depuis toujours, parfois avec entrain, parfois avec rage ou obstination. Pour vivre pleinement ma première grossesse, j’ai mis de côté mes cahiers et en repos mon imagination. Puis l’envie est revenue, délicate, souriante sous les babillages de mon fils. Je voulais parler du monde, juste comme il est, des gens qui le peuplent, ici et là, des gens comme vous et moi, avec leurs petites histoires, leurs secrets, leurs rêves inavoués. Parce que ce sont les petites personnes qui font les grandes choses.

Quoi de plus évident alors, que de planter le décor dans mon village natal, celui a vu mes premiers pas, mes premières amours, mes premiers livres. Oui, je voulais créer dans ce cadre-là, dans ces images, dans ces parfums, centrer mes personnages au cœur de ces hameaux que je connais par cœur, permettre au lecteur de découvrir aussi cet univers-là, si proche, si méconnu.

Je voulais une intrigue aussi, du suspense, de l’humour, des pistes qui se croisent, des personnages en fusion, bref tous les ingrédients d’un polar, mais féminin s’il vous plait, avec de la tendresse, un peu d’acidité, des émerveillements, du fashion, quelques paillettes au-dessus des solitudes. Loin des prouesses techniques des experts télévisés, je voulais décrire le quotidien de la Police belge, encore à se chercher depuis la grand réforme, entre procédures et proximité.

Je voulais mettre un peu d’Italie dans mon livre, pas celle de la corruption ou de la crise, mais l’Italie qui a bercé mon enfance, celle des lasagnes le week-end devant Domenica In, celle des drapeaux de la Squadra lors de la Coupe du Monde, celle de mes grands-parents, entre nostalgie et épices.

Alors j’ai créé Tiziana et j’ai vite compris qu’elle m’accompagnerait un bout de chemin, qu’elle n’était pas là pour un livre mais bien le point de départ d’une série, d’un style. Je voulais qu’elle soit entourée, engloutie, protégée, pelotonnée dans une famille originale et décalée, qui apporterait ainsi aux intrigues une force nouvelle, un prisme aux nombreuses facettes où laisser se refléter les vies. J’ai adoré créer ces personnages attachants et borderline, leur donner un univers, une parole.

Pour le premier épisode des enquêtes de Tiziana, je voulais aborder plusieurs thèmes : l’adolescence et sa quête d’identité, l’infertilité et l’in vitro… Petit à petit, les personnages sont venus alimenter ces thèmes. Et finalement, tout tournait autour d’un constat, d’une solitude, de toutes ces solitudes emboîtées, de ce désir d’enfant, de ce parcours tabou pour y parvenir. Le deuxième tome, en préparation, raconte d’autres errances, des fuites, des disparitions, pendant ces terribles jours de 2010 durant lesquels Rebecq a vécu la plus grande catastrophe naturelle de son histoire : des inondations sans précédent.

Je voulais des livres qui ressemblent  à tout le monde, et donc qui me ressemblent un peu, avec des doutes, des chagrins, des rêves, et l’humour pour les affronter.

Plus qu’un livre, je voulais que l’univers de Tiziana ait un prolongement en dehors des pages, qu’elle existe sur le net, que le lecteur puisse, une fois le livre refermé, continuer à évoluer dans le monde qu’il vient de quitter. C’est pourquoi ce site a vu le jour, comme un prolongement des enquêtes de Tiziana dans le réel et le virtuel.

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